Et Toi, as tu révélé au monde?

 

ET TOI, as-tu révélé au monde…N°11

Ouverture de toutes les émissions Et toi (4mn 32s)

Carillon de Fatima (40s)

Chers auditeurs de Radio Maria et enfants du Cœur de Marie, écoutons Sœur Lucie qui nous parle de sa rencontre avec l’enfant Jésus.

Le 15 février 1926, en revenant comme d'habitude pour vider une poubelle en dehors du jardin, j'y trouvais un enfant qui me parut être le même que précédemment, et je lui demandais alors: “As-tu demandé l'Enfant-Jésus à notre Mère du Ciel?” L'Enfant se tourna vers moi, je reconnu alors l’enfant Jésus; il me dit: Et toi, as-tu révélé au monde ce que la Mère du Ciel t'a demandé?

A Fatima, après le miracle du soleil :

Le bon Curé continua à se montrer de plus en plus mécontent et perplexe au sujet des faits et, un beau jour, il quitta la paroisse. La rumeur se répandit alors que Mr le Curé était parti à cause de moi parce qu’il ne voulait pas assumer la responsabilité des faits.

 Ce ne fut certainement pas la raison de son départ. La vraie cause aura été plutôt les difficultés que le Curé avait eues avec ses paroissiens, à propos de la construction de l’église.

Comme c’était un Curé plein de zèle et aimé du peuple, j’eus à en souffrir. Plusieurs femmes pieuses manifestaient leur chagrin ouvertement et m’insultaient lorsqu’elles me rencontraient. Parfois, elles me renvoyaient avec une paire de gifles ou des coups de pieds. Jacinthe et François prenaient rarement part à ces ‘ gâteries ’ que le ciel m’envoyait, parce que leurs parents ne permettaient à personne de les toucher. Mais ils souffraient de me voir souffrir, et bien des fois ils versèrent d’abondantes larmes en me voyant affligée et mortifiée. Un jour, Jacinthe me dit : – Plût à Dieu que mes parents fussent comme les tiens, afin que ces gens puissent aussi me battre, car, ainsi, je pourrais offrir plus de sacrifices à Notre Seigneur. Cependant elle savait bien profiter des occasions pour se mortifier. Nous avions aussi l’habitude, de temps en temps, d’offrir à Dieu le sacrifice de passer neuf jours ou un mois sans boire. Une fois, nous fîmes ce sacrifice en plein mois d’août, alors que la chaleur était suffocante. Nous revenions un jour de dire notre chapelet à la Cova da Iria, et, en arrivant près d’un étang qui se trouvait au bord du chemin, Jacinthe me dit : – Regarde, j’ai tellement soif, et j’ai si mal à la tête ! Je vais boire un tout petit peu de cette eau. – De cette eau-là, non, lui répondis-je. – Ma mère ne veut pas que nous en buvions parce qu’elle nous ferait du mal. Allons en demander un peu à ‘ tante ’ Maria dos Anjos. (C’était une de nos voisines, qui s’était mariée depuis peu et vivait là dans une petite maison). – Non, je ne veux pas de cette bonne eau. Je vais boire de celle-ci, parce qu’au lieu d’offrir à Notre Seigneur ma soif, je vais lui offrir le sacrifice de boire cette eau sale. En vérité, l’eau de cet étang était très sale. Bien des gens y lavaient leur linge et les animaux allaient y boire et s’y baigner. C’est pourquoi ma mère avait soin de recommander à ses enfants de ne pas en boire.

Au sud, les forces italiennes et autrichiennes s’affrontent sans résultat depuis deux ans et demi sur le front au nord-ouest de Trieste avec un léger avantage pour l'armée italienne qui, en 1916 avait concqui la ville deGorizia Les Italiens avaient pénétré aussi de quelques kilomètres dans le Tyrol, mais sans résultats majeurs. Cet équilibre est rompu à l'automne 1917 lorsque les Allemands décident de soutenir leurs alliés autrichiens sur le front italien et envoient 7 divisions. Le 14 octobre 1917, lors de la bataille de caporetto les soldats italiens reculent devant l'offensive austro-allemande.

Plus de 600 000 soldats italiens, fatigués et démoralisés, désertent ou bien se rendent. L’Italie vit sous la menace d’une défaite militaire totale. Mais le 7 novembre, les Italiens parviennent à arrêter l'avancée des austro-allemands sur la ligne du Piave, à environ 110 kilomètres du front de lisozo. La défaite italienne de Caporetto incite la France et le Royaume-Uni à envoyer des renforts et à mettre en place le Conseil suprême de guerre pour coordonner les efforts de guerre des Alliés.

Entrée en guerre des États-Unis

Pendant la Première Guerre mondiale, l'US Army publie une affiche de recrutement mettant en vedette l' Oncle Sam Le texte I want you for U.S. Army peut se traduire par « Je te veux pour l'armée américaine ».

En 1917, sous la pression des militaires, le Kaiser se décide à pratiquer la guerre sous marine à outrance c’est-à-dire couler tous les navires se rendant au Royaume-Uni, même les neutres. Les Allemands espèrent ainsi étouffer l’économie britannique et la contraindre à se retirer du conflit. Les sous-marins allemands ont déjà coulé 847 000 tonnes, soit l’équivalent du quart de la flotte commerciale française. Toutefois, l’organisation de convois sous la protection de la marine anglaise et le dragage des mines réussissent à émousser l’arme sous-marine. En fin de compte, au lieu de faire baisser pavillon au Royaume-Uni et de terroriser les neutres, la guerre sous-marine à outrance provoque l’intervention américaine.

De plus, le Royaume unidemande l’aide du Japon. Le croiseur Akashi et huit destroyers sont envoyés à Malte, chiffre qui est porté par la suite à 17 navires, sans compter les navires à commandement mixte. Cette flotte d’escorte et de soutien protège les convois alliés en Méditerranée et permet aux troupes alliées d’être acheminées d’Egyptevers Salonique et MarseilleLe destroyer Matsu a sauvé plus de 3 000 soldats et membres d’équipage du navire de transport Transylvania, torpillé au large des côtes françaises. En tout, le Japon a escorté 788 bateaux en Méditerranée, dont 700 000 hommes de troupes du Commonwealth britannique.

Au Portugal, entre-temps, le gouvernement n’acceptait pas de voir la progression des évènements. Au lieu des Apparitions, on avait dressé quelques poteaux formant arc et on y avait suspendu des lanternes, que quelques personnes avaient le soin de conserver allumées. On envoya un soir quelques hommes avec une automobile, afin d’arracher lesdits poteaux, de couper le chêne-vert au-dessus duquel avait eu lieu l’Apparition, et de les emmener avec l’automobile. Le lendemain matin, la nouvelle de cet évènement se répandit rapidement. Je courus là-bas pour voir si c’était vrai. Mais quelle ne fut pas ma joie lorsque je remarquai que les pauvres hommes s’étaient trompés et que, au lieu, d’emporter le chêne-vert des apparitions, ils avaient emporté un des chênes-verts voisins. Je demandai alors pardon à Notre Dame pour ces pauvres hommes et priai pour leur conversion.

Bruits de guerre

Pendant ce temps, en France : La bataille de Malmaison

Témoignage d’une attaque( 2mn 44)

Du 17 au 22 octobre : le pilonnage d'artillerie est quasi ininterrompu, 2 800 000 obus soit 70 000 tonnes d'acier et de gaz sont déversés ; les Allemands ne sortent qu'entre 8 h et 9 h, heure à laquelle les artilleurs français prennent leur café ; dans la vallée de l'Ailette, il leur est impossible d’enlever leur masque à gaz, donc de boire et de manger, empêchant le ravitaillement, l'évacuation des blessés, l'acheminement de munitions ou l'évacuation du matériel lourd. Les tirs de contrebatterie allemands cessent rapidement, notamment faute de munitions. Les premières lignes allemandes sont isolées et leur moral atteint. Les tirs des plus grosses pièces, dirigés par des observateurs aériens, sont assez précis pour frapper le même point et, à la longue, percer les toits des abris souterrains allemands.

Dans la nuit du 20 au 21 octobre : les unités qui vont participer à l'attaque montent en ligne ;21 octobre à 11 h : l'attaque prévue au matin du 22 est reportée au matin du 23 pour parfaire la préparation d'artillerie ;22 octobre au soir : l'attaque prévue le lendemain à 5 h 30 est avancée à 5 h 15 pour devancer la contre-préparation d'artillerie allemande ;

23 octobre à 5 h 15 : début de l'attaque par nuit noire mais sans pluie, ni brouillard ;23 octobre vers 6 h : la première ligne d'objectifs est presque partout atteinte ; le 14e corps encercle les carrières de Fruty et prend le saillant de Laffaut et le village d'Allement; le 31e bataillon de chasseurs occupe la ferme de la Malmaison pour le 21e corps ; dans le secteur du 11e corps, les zouaves prennent le fort de la Malmaison, les carrières de Bohéry sont encerclées par les Marocains et les tirailleurs ;

23 octobre vers 9 h : à l'extrême-droite de l'armée la 66e division atteint sa première ligne d'objectifs sauf le ravin des Bovettes ; toutes les unités marquent alors une pause d'environ 3 heures pour organiser les positions conquises et préparer le deuxième bond ;

23 octobre entre 9 h 30 et 15 h : la deuxième ligne d'objectifs est attaquée et atteinte presque partout ; le 1er bataillon de chasseurs s'empare de la carrière Montparnasse à 10 h 30 ; après avoir pris la creute (carrière) du Corbeau dans le bois de Belle-Croix, la lisière nord du bois des Hoinets est atteinte à 11 h 30 ; un régiment enlève le village de Vaudesson; des chasseurs emportent le bois des Gobineaux ; l'ultime objectif le village de Chavignonest pris à 14 h par des chasseurs ; après avoir occupé la ferme de l'Orme, la ferme Many, le Voyeu, la 38e division les rejoint à 15 h ; seule la 66e division piétine encore sur la première ligne d'objectifs tout en ayant néanmoins capturé plus de 1 000 hommes et pris 15 canons ;

Bruits de guerre

23 octobre fin de journée : 17 000 tonnes d'acier supplémentaires ont été déversées sur les Allemands ; plus de 7 000 prisonniers dont trois colonels et leurs états-majors sont ramenés vers les lignes françaises ; plus de 100 canons ont été pris ; des patrouilles atteignent l'Ailette en certains points. Les Allemands se replient sans désordre ; des batteries allemandes commencent à repasser au nord de l'Ailette ;

24 octobre : les replis allemands permettent de pousser vers le mont des Singes et Pinon;

Nuit du 24 au 25 octobre : certaines unités allemandes reçoivent des ordres contradictoires de se replier et de tenir jusqu'au bout ;

25 octobre : dès l'aube l'attaque française reprend ; de nombreux prisonniers sont faits ; la 66e division s'empare de Parny; au soir la boucle de l'Ailette peut être considérée comme acquise ;

Jours suivants : les Français s'emparent de Fillain de l'épine de Chevregny, de la ferme de Froidmont et occupent le plateau et les pentes jusque vers l'éperon des Vaumaires ;

Nuit du 1er au 2 novembre : pris d'enfilade par les positions françaises de la Malmaison, les Allemands abandonnent les crêtes orientales du Chemin des Dames.

A Fatima, c’est encore une toute autre ambiance !

A cette époque, Monsieur le Curé commença aussi à préparer les enfants pour la Communion Solennelle. Comme, depuis l’âge de 6 ans, je renouvelais ma Communion Solennelle, ma mère décida que cette année je ne la renouvellerais pas. Pour cette raison, je ne fus pas assister à l’explication du catéchisme. En sortant de l’école, alors que les autres enfants allaient sous la véranda de Mr le Curé, moi je revenais à la maison continuer ma couture ou le tissage. Le bon Curé prit mal mon absence au catéchisme, et un jour, alors que je sortais de l’école, sa sœur me fit appeler par une autre enfant. Celle-ci me trouva, alors que j’étais déjà sur le chemin d’Aljustrel, près de la maison d’un pauvre homme qu’on appelait l’Escargot. Elle me dit que la sœur de Mr le Curé me faisait appeler et qu’il fallait y aller. Croyant que c’était pour un interrogatoire, je m’excusai en disant que ma mère m’avait dit de venir directement à la maison, et, sans plus, je me mis à courir comme une folle à travers les champs, à la recherche d’une cachette où on ne pourrait pas me trouver. Mais, cette fois-là, je payai très cher la plaisanterie. Quelques jours après, il y eut dans la paroisse une fête dont la Messe fut chantée par différents prêtres qui n’étaient pas de l’endroit. Après la fête, Mr le Curé me fit appeler et, devant tous ces prêtres, il me reprit sévèrement pour n’être pas venue au catéchisme et n’avoir pas répondu à l’appel de sa sœur. Enfin, toutes mes misères furent étalées là et le sermon se prolongea très longtemps. À la fin, je ne sais comment, un vénérable prêtre se présenta pour essayer de défendre ma cause. Il voulut m’excuser, disant que c’était peut-être ma mère qui ne me laissait pas venir. Mais le bon Curé répondit :

– Sa mère ?, sa mère est une sainte ! Mais cette créature-là, on va voir ce qu’elle va donner !

Le bon prêtre, qui était l’Archiprêtre de Torres Novas, me de manda alors aimablement le motif pour lequel je n’étais pas venue au catéchisme. J’expliquai alors la décision que ma mère avait prise. Paraissant ne pas y croire, Mr le Curé me demanda d’appeler ma sœur Gloria, qui était sur la place de l’église, pour s’informer de la vérité. Apprenant que les choses étaient bien comme je venais de les dire, il conclut :

– Eh bien ! ou la petite va venir à partir de maintenant au catéchisme et, après s’être confessée à moi, elle fera la Communion Solennelle avec les autres enfants, ou bien alors elle ne recevra plus la Communion dans la paroisse.

En entendant cela, ma sœur lui exposa que, cinq jours avant la Communion Solennelle, je devrais partir avec elles et que cela serait très ennuyeux pour nous ; que s’il me permettait, je me confesserais et communierais un autre jour avant de partir. Le bon Curé n’accéda pas à sa demande et maintint fermement sa décision. En arrivant à la maison, nous avertîmes ma mère qui alla elle aussi demander à Mr le Curé de me confesser et de me donner la sainte Communion un autre jour. Mais tout fut inutile. Ma mère décida alors que, après la Communion Solennelle, mon frère ferait le voyage pour me conduire là-bas, malgré la distance et les difficultés du voyage car, outre la longueur du parcours, il fallait passer par de très mauvais chemins et traverser montagnes et collines. Je crois que la seule idée de me confesser au Curé me donnait des sueurs froides ! Quelle peur j’avais de lui ! J’en pleurais d’angoisse. La veille arriva et Mr le Curé fit savoir que tous les enfants devraient, dans l’après-midi, venir à l’église pour se confesser. Je m’y rendis donc, le cœur plus serré que dans un étau. Lorsque j’entrai dans l’église, je vis qu’il y avait plusieurs prêtres qui confessaient. Dans un confessionnal, au fond de l’église, se trouvait le Père Cruz, de Lisbonne. J’avais déjà parlé avec lui et l’avais beaucoup apprécié. Sans m’apercevoir que, dans un confessionnal ouvert au milieu de l’église, se trouvait Mr le Curé qui prenait note de tout, je me dis : « Je vais d’abord me confesser au Père Cruz et lui demander comment je dois faire, et ensuite j’irai à Mr le Curé ». Le Révérend Père Cruz me reçut très gentiment et après m’avoir entendue, me donna ses conseils, disant que si je ne voulais pas aller à Mr le Curé, je pouvais ne pas y aller et qu’il ne pourrait pas m’empêcher de communier pour cela. Rayonnante d’un tel conseil, je fis ma pénitence et m’échappai de l’église, craignant que quel qu’un ne me rappelât. Le lendemain j’allai à l’église avec ma robe blanche, craignant encore que la communion ne me fût refusée. Mais Mr le Curé se contenta alors de me faire savoir, à la fin de la fête, qu’il s’était rendu compte de mon manque d’obéissance en allant me confesser à un autre prêtre.

La souffrance en France

Les conditions de travail des infirmières sont très difficiles, surtout quand elles sont proches du front, où elles doivent composer avec les conditions climatiques, l’humidité, la boue, la charge de travail importante, les restrictions d’eau, le manque de sommeil, la vie en communauté, etc. Le quotidien de ces femmes est également marqué par l’incertitude : lieu de déploiement, afflux massif de patients à la suite d’une nouvelle offensive, repli en cas d’avancée ennemie… Les risques d’infection (typhus, paludisme, grippe espagnole) ou de contamination (lors des soins aux victimes des armes chimiques) dans le cadre de leur travail n’est pas négligeable et, bien qu’elles soient en principe protégées par leur statut d’infirmière, elles sont exposées aux bombardements ou aux attaques de sous-marins pour celles qui exercent sur un bateau. Elles peuvent aussi tout simplement être faites prisonnières.

Les risques psychologiques sont également réels : à ces conditions difficiles s’ajoutent le fait d’être confrontées quotidiennement aux horreurs de la guerre et les choix éthiques difficiles auxquels elle doivent faire face, sans oublier l’anxiété due au fait qu’elles aussi ont des pères, des frères, des fils, etc. au front. Les risques de ce qu’on appelle aujourd’hui le burnout ou de syndrome de stress post-traumatique sont bien réels.

Témoignage d’une infirmière(4mn39)

L’armée rouge en marche

24-25 octobre : la nuit rouge

Le 24 octobre 1917 au soir, à Petrograd, c’est un Lénine seul mais décidé qui saisit sa chance et part lever ses troupes pour s’emparer du pouvoir.

Lénine est méconnaissable. Sur son crâne chauve, il a posé une perruque blondasse surmontée d'une casquette défraîchie et il s'est entouré le visage d'une vieille écharpe… Courbé sous le vent du Nord, emmitouflé dans un antique pardessus, il marche à pas pressés dans les rues de Vyborg, le quartier ouvrier de Petrograd, décidé à rejoindre le quartier général bolchevique coûte que coûte malgré la police qui le pourchasse. Depuis des jours, mis hors la loi par le gouvernement, il se cachait chez Fofanova, une militante bolchevique qui lui a prêté son appartement. Mais l'attente était insupportable. Aujourd'hui, 24 octobre, il le sait, il le sent, le pouvoir est à portée de main. Le gouvernement Kerenski est au fond d'un gouffre d'impopularité. En voulant continuer la guerre, en déclenchant l'offensive militaire du général Broussilov, qui a échoué dans le sang, il a perdu ses soutiens dans l'armée et chez les ouvriers. La révolution de février 1917, qui a fait de la Russie «le pays le plus libre du monde», s'effiloche dans la division et les palabres. L'occasion est unique et l'histoire ne repassera pas les plats. C'est maintenant ou jamais : il faut frapper.

Mais Lénine est seul ou presque. Dans la direction bolchevique, on ne croit pas à cette révolution dans la révolution. Les vieux routiers du communisme clandestin, revenus d'exil ou sortis de prison, n'ont guère envie d'y retourner. Emmenés par Kamenev et Zinoviev, chefs prestigieux, ils jugent le volontarisme de Lénine suicidaire. Les bolcheviks, pensent-ils, ne pourront pas gouverner seuls. Ils seront chassés et emprisonnés après quelques jours d'illusion lyrique. Mieux vaut attendre l'ouverture du Congrès des Soviets, ces conseils qui ont pris depuis février le contrôle des usines, des villages et des régiments, et dont les délégués se réunissent le lendemain à l'institut Smolny, le quartier général de la révolution. Là, ils pourront mettre sur pied un gouvernement de coalition qui rassemblera toutes les fractions de l'arc révolutionnaire, les socialistes révolutionnaires (SR), apôtres d'un populisme paysan et ouvrier, les mencheviks, socialistes réformistes, et les bolcheviks, les plus radicaux, militairement organisés, qui pourront influencer ce gouvernement représentatif et unitaire. Pour Lénine, c'est une trahison. Entre les factions du parti, le ton est monté très haut. Kamenev a été jusqu'à divulguer dans la presse les plans de l'insurrection pour la faire échouer. Lénine l'a traité de « jaune», de «traître» et de «calomniateur». Alors, décidé à imposer ses vues, le guide suprême du parti, déguisé en SDF, marche dans les rues de Vyborg, fébrile, furieux et déterminé.

Il monte dans un tram vide. Aussitôt, il assaille la conductrice de questions sur la situation dans Petrograd. Elle est de gauche. Infatigable, Lénine entreprend de la convertir aux vues des bolcheviks. Le tram arrive à la gare de Finlande, son terminus. Il faut continuer à pied. Lénine descend dans le froid et taille sa route vers Smolny. Soudain, un policier l’interpelle. Il sort ses faux papiers. Le policier l’observe et ne le reconnaît pas. Visant son accoutrement misérable, il le prend pour un clochard qui cherche un abri pour la nuit. Il le laisse partir, donnant encore, sans le savoir, sa chance à la révolution mondiale… Lénine continue son chemin le long des avenues éclairées par la lune ou par la lueur mourante des réverbères, répétant pour lui-même son réquisitoire. Armé de sa rhétorique brutale, il dénoncera les traîtres et les tièdes et convaincra ces révolutionnaires intimidés de faire ce qu’ils doivent faire : la révolution.

Revenu de son exil new-yorkais, Trotski, leader charismatique, a rejoint Lénine en mai et pris en main l'organisation militaire du parti, tout en se faisant élire président du Soviet de Petrograd. Chevelure en bataille et petits lorgnons d'intellectuel sur le nez, il domine les débats du Soviet face aux réformistes mencheviks ou SR. Officiellement, pour assurer la défense de l'assemblée, il a formé une petite phalange de combattants au sein d'un Comité militaire révolutionnaire (CMR) soigneusement noyauté par les bolcheviks. En faisant voter l'insurrection, Lénine a passé la main à Trotski, qui applique le plan décidé ensemble. La saisie des points névralgiques de Petrograd n'est qu'une première étape. Les gardes rouges s'emparent aussi de la poste centrale, de la banque d'Etat, du centre de télégraphe ou encore du palais Mariinski où siège un «pré-parlement» qui a pris la suite de l'ancienne Douma, l'assemblée consultative du régime tsariste qui s'est constituée en Assemblée nationale. Ils mobilisent les usines de Vyborg, le quartier ouvrier de la capitale, les soldats de la forteresse Pierre-et-Paul qui fait face au palais d'Hiver, de l'autre côté de la Neva, le large fleuve qui coupe la ville en deux. Ils peuvent aussi compter sur les marins de la Baltique retranchés dans l'île de Kronstadt qui commande l'entrée de la Neva vers le large, ou bien ceux qui se sont emparés du croiseur Aurore, qui s'avance pendant la nuit jusqu'au cœur de la capitale. Une fois le dispositif en place, on a prévu de lancer au gouvernement provisoire réuni au palais d'Hiver un ultimatum féroce : les ministres doivent se démettre, sauf à risquer les feux croisés des canons de Pierre-et-Paul et du redoutable croiseur dont les hautes cheminées d'acier gris dominent maintenant le quai Petrogradskaïa, à une encablure du siège du gouvernement.

Peu après minuit, enfin, les insurgés sont prêts. Perçant la nuit glacée, les canons du croiseur Aurore tirent un coup de semonce. Dans la forteresse Pierre-et-Paul, on fait donner l'artillerie. Les pièces n'ont pas la portée suffisante et les obus tombent dans les eaux noires de la Neva. L'Aurore a tiré à blanc, ce qui produit une déflagration beaucoup plus bruyante qu'une salve réelle. Dans la salle où ils s'apprêtent à résister tout en dînant d'un repas de bortsch et d'artichauts, les ministres se jettent sous la table. Autour d'eux, les femmes-soldats chargées de les protéger commencent à crier. Il faut les éloigner pour pouvoir se parler. Mis en branle par le coup de canon, les groupes bolcheviques, quelques centaines de miliciens, se lancent à l'assaut du palais. On tire pour se frayer un chemin, les détachements présents à l'intérieur se dirigent vers la salle du Conseil des ministres en faisant résonner leurs bottes de cuir dans les grandes pièces dallées de marbre. Découragés, épuisés, les défenseurs opposent une résistance de principe avant de se rendre.

Tandis que les assaillants répandus dans le palais découvrent la cave du tsar et se mettent en devoir de fêter par une magistrale beuverie la réussite du coup d’Etat - elle se prolongera pendant plusieurs jours -, Lénine promulgue les quatre décrets essentiels du nouveau pouvoir : négociations de paix immédiates sans annexions ni indemnités, attribution de la terre aux paysans sans indemnisation des propriétaires, contrôle des usines par les Soviets d’ouvriers, autonomie conférée aux peuples associés à la république russe. Un peu plus tard, il y ajoutera l’instauration du divorce par consentement, la laïcisation de l’Etat, l’abolition des grades dans l’armée…

Les trois pastoureaux, à Fatima pensaient que la Russie dont Notre Dame leur parlait était une quelconque vieille dame inconnue. Mais ils méditaient la vision dont ils avaient bénéficié :

– Cette Dame nous a dit aussi que beaucoup d’âmes allaient en enfer. Qu’est-ce que c’est l’enfer ?

– C’est une fosse d’animaux et une fournaise très grande (c’est ainsi que me l’expliquait ma mère) et c’est là que vont les pécheurs qui ne se confessent pas. Ils restent là toujours à brûler !

– Et ils ne sortent plus jamais de là ?

– Non !

– Et après plusieurs, plusieurs années...

– Non. L’enfer ne finit jamais.

– Et le Ciel non plus ?

– Qui va au Ciel n’en sort plus jamais.

– Et qui va en enfer non plus ?

– Ne vois-tu pas qu’ils sont éternels, qu’ils ne finissent jamais ! Nous fîmes alors, pour la première fois, la méditation de l’enfer et de l’éternité. Ce qui impressionnait le plus Jacinthe était l’éternité. Même jouant, de temps en temps, elle demandait :

– Mais voyons, alors après tant et tant d’années, l’enfer ne finira pas encore ?

Et d’autres fois:

– Et ces gens qui sont là, à brûler, ne meurent pas ? Ils ne deviennent pas cendres ? Et si nous prions beaucoup pour les pécheurs, Notre Seigneur ne les délivrera pas ? Et avec les sacrifices non plus ? Oh ! Les pauvres ! Il nous faut beaucoup prier et faire des sacrifices pour eux.

Ensuite elle ajoutait :

– Comme elle est bonne, cette Dame ! Elle nous a déjà promis de nous emmener au Ciel.

La suite le    .Appelez ou écrivez à Radio Maria, si vous avez des questions sur Fatima et le Monastère invisible de Saint Jean Paul II.

Chant final - Ave Maria.